mercredi 14 novembre 2007

Pour comprendre Taipan redecouvrez Taichi





Déjà à 8 ans ils taggaient " Run DMC !! " / Maintenant, quand ils rappent, même ta reum' dit merci.

Taïpan et C.H.I. font partie de cette génération de Hiphop heads qui ont reçu plus de bombes que les villes irakiennes. Ils découvrent le rap début 90, à un âge où leurs parents auraient préféré qu'ils révisent leur règle du huit au lieu de malmener la chaîne hi-fi familiale avec les cassettes de Gangstarr, du Wu-Tang, de Biggie ou de LOTUG.

Le petit C.H.I. commencera son baroudage musical en 95, en faisant partie du collectif luxembourgeois MDM (Maraudeurs de Minuit, clin d'œil à ATCQ), dans lequel il officiera en tant que MC, DJ et beatmaker. Lorsqu'on lui demandait : " tu travailles tes sons sur quelle machine ? ", il pouvait répondre fièrement : " je fais des copies de cassette à cassette, et je les mets en boucle avec un lecteur CD qui a la fonction loop ". Il était le beatmaker le plus improvisé du Luxembourg. Soulignons le fait que dans " luxembourgeois ", il y a " luxe " et " bourgeois ", et qu'il est donc très honorable de se faire respecter dans le rap game local sans faire dans le bling-bling.

C.H.I. mettra ainsi plusieurs années avant de pouvoir s'acheter son premier sampleur, un Akai S01, sombre daube avec laquelle il réussit l'exploit de pondre de bons instrus sans ordinateur et sans avoir compris l'utilité du midi ni du séquençage. Après des mois de souffrance et un job d'été rémunérateur, il connaîtra la délivrance en se portant acquéreur d'une MPC 3000. Comme toutes les grandes dames, elle changera sa perception de la vie, à savoir la production et le rap, elle est comme lui elle porte des chlaps et s'appelle " Georgette ". C.H.I. et Georgette vivent depuis une idylle parfaite, et le couple a fièrement confié un certain nombre de ses rejetons à des gens très bien comme Nakk, Kohndo, le Fat Flow Staff, l'Etat-Major, Rashid Wallace…

Pendant ce temps là, Taïpan était complètement focalisé sur les rappeurs américains, Boot Camp Click et Notorious Big en tête. Des années durant, il a analysé leurs textes, leur flow et afin d'être à la pointe de la technique qui transperce. Après avoir ingéré et digéré tous ces disques, il noircit des cahiers de rimes tantôt conscientes, tantôt freestyle, tout en développant un sens unique de la vanne et de la punchline qui marque. Sa voix et son flow unique font entrer les auditeurs dans un étrange univers laidback, où les vapeurs hallucinatoires déforment la réalité sous des accents moqueurs et cyniques.

En dépit du fait que Taïpan et C.H.I. partageaient cette passion pour le rap ainsi que quelques gènes , ils ne se mettront à faire de la musique ensemble qu'après une soirée du Nouvel An si bien arrosée qu'ils ne se rappellent plus de quelle année ils fêtaient : 1997 ? 1998 ? Toujours est-il que comme tous les passionnés qui essaient de faire du rap hors de Paris, ils galèrent, se remettent en question, se remotivent et après les expériences MDM, Opium, Fonky Fingaz et DreamThil, ils finissent par fonder le groupe TaiChi et se font remarquer par Tonton Mark, fondateur du label Original Bombattak et de l'émission radio légendaire du même nom.

Très rapidement, Tonton les fait poser sur ça fameuses mixtapes et le buzz prend. Taïpan marque les esprits avec ses prestations (en particulier pour son morceau " J'évite ça " sur Bombattak 4, dans lequel il décrit avec ironie tous les pièges de la vie contemporaine sur un instru de 20Syl), tandis que les teintes jazzy et organiques des prods de C.H.I. suscitent l'intérêt d'une foule de MC lassés par la vague de prods synthétiques du moment. Le label Bombattak éditera même une mixtape collector d'instrumentaux, sur laquelle C.H.I présentait 4 prods inédites et libres de droits, pour les rappeurs désireux de les utiliser.


Taïpan et C.H.I. annoncent alors la sortie imminente de leur maxi, mais après avoir finalement maquetté une vingtaine de titres sans parvenir à n'en garder que deux pour leur disque, ils préfèrent sortir une street-tape CD qui regroupe l'ensemble des morceaux marquants du duo.

Cette street-tape sort en mai 2004 et marque une nouvelle étape dans la discographie du groupe. Elle sera suivie par un CD de remix de morceaux cainris par C.H.I., puis par un mystérieux projet pour l'été 2004… Vous pouvez donc vous préparer à entendre parler des deux cousins cette année, que cela soit sous les entités de TaiChi ou au sein de Minimal Works et du NMEF Posse, les deux autres collectifs dont ils font partie. Objectif : ramener un peu de fraîcheur dans le rap français, car comme le dit Taïpan : " Le rap français s'est senti très très seul… Yen a trop que j'écoute pas sans anti-dépresseurs. " Ou plutôt : " Le rap, c'est comme l'estomac, moins tu bouffes, moins tu crées de la merde ". A moins que ça ne soit…

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